Pour ma troisième participation à la Coupe de France, Tom et moi retrouvons le circuit de l'étape par équipe de la D2 en 2009. Souvenirs mitigés donc, mais une forte envie de faire mieux dans un contexte différent. La pression induite par les résultats mitigés des deux courses précédentes me font me présenter dans un état de fraîcheur très moyen. Les nombreux fous rires lâchés pendant le trajet me permettent de décompresser. Cette année, l'encadrement m'a fait l'honneur de me nommer capitaine. La veille au soir, nous convenons avec Tom, Thomas, Florian et David de rejoindre T2 tous ensemble. On décide également qu'un collègue qui sera mal n'hésitera pas à lâcher avant la course à pieds, sauf s'il s'agit de Tom ou de Flo. Seul Tom bénéficierait d'un changement de roue s'il s'agit de l'avant. Quelle simplicité que de s'accorder avec les membres de cette équipe qui pensent d'abord au collectif ! Tout le monde sait que chacun jouera le jeu et ira dans le même sens. Malgré mes taquineries constantes sur les capacités de l'un ou l'autre, je sais que l'ensemble est cohérent.
Une pollution bactériologique empêche le déroulement de la natation dans le plan d'eau du Thouet. Les organisateurs parviennent à se retourner vers la piscine municipale toute proche. Notre stratégie initiale concentrée sur l'entrée dans l'eau est revisitée par le Coach Fifi qui demande à Tom de pousser le nageur le moins à l'aise, ie ma pomme alias le "super tanker." Poor Tom, chanterait Led Zeppelin ! D'autres équipes ont brillamment mis en place cette stratégie. Merci, Fifi, pour le seul bout de coaching, c'en était un bon !
La tension monte doucement jusqu'au moment où le starter donne le départ depuis l'extérieur de la piscine. À la suite de Thomas chargé du difficile tempo natatoire, je plonge (!) comme un nageur expérimenté pour 525 m. Ouf, première bonne nouvelle : une mince couche d'air et de plastique sépare ma cornée de l'eau. Le premier 50 est trop rapide d'après le chrono des copains placés dans les gradins. Au milieu du bassin, tout d'un coup, je me sens surfer ! Excellente, cette sensation de savoir nager tout d'un coup ! Tout le mérite en revient à Tom qui me chaperonne déjà. Dans certaines longueurs, il me pousse tellement que j'en viens à remonter Thomas jusqu'aux genoux ! Impressionnant ! Mais cela cesse à mi-distance. Ne sachant pas culbuter (!), je m'applique sur mes virages et mes coulées pour tenter de récupérer un peu du temps perdu. Je ne vois donc pas que Flo est en légère difficulté. Ayant tout le loisir de s'adapter, Tom descend l'aider. L'allure menée par Thomas me convient bien. Les sensations de glisse sont présentes. Ayant rapidement perdu le fil des longueurs, je lève à tout hasard les yeux pour lire sur la pancarte qu'il reste 75 m à parcourir. Très vite, arrive le moment redouté de la sortie du bac. A priori, je m'en tire presque correctement.
Confiture de vélos
Se déroulent 600 m de tapis rouge jusqu'à la première transition. Tom ayant son vélo placé pour être enlevé rapidement me dépasse à 25 km/h. Le festival a déjà commencé. Flo puis David me dépassent aussi. Prenez de l'avance, les gars, vous en aurez bien besoin !
D'un commun accord (forc
ément), nos chaussures sont fixées aux pédales et les deux plus rapides dans cet exercice, Tom et David, font la bosse initiale. Lorsque les pourcentages diminuent, je prends ma place préférée pour assurer la première descente, puis les faux-plats qui suivent. David passe devant à quelques reprises pour relayer un train que j'espère être le plus constant pour les copains derrière. En tout cas, jamais je ne me retourne, comptant sur leur capacité à me prévenir en cas de souci. Les faux-plats, montées, virages et autres relances se succèdent vent de dos pour nous mener vers la descente principale où j'assure la totalité du train. Les sensations sont géniales. Je sais pourquoi je suis là, dans cette équipe, à ce moment-là. Il me semble, modestement, être un skieur de descente enchaînant les virages sans difficulté autre qu'une petite alerte de la roue arrière sur un virage à droite. Arrive la bosse piègeuse car abordée très vite dans laquelle David me relaie comme convenu. Le reste du circuit est à ma charge. Super revêtement, descente, faux-plat, descente : le bonheur !
Là, héros dynamique !
Au retour dans la ville, nous devons aborder un virage à droite masqué. Les copains des équipes masters et jeunes sont sans doute présents pour nous encourager, mais ma concentration ne me laisse comme loisir que de viser l'entrée du virage et l'angle optimal de sortie. Ma relance en douceur ne semble pas convenir à David (qui m'annonce pourtant qu'il est dans le dur) et à Tom qui ne me laisse passer qu'à la défaveur d'un virage à 90 complètement loupé. D'accord, garçon, on va les travailler, ces entrées en courbe et ces points de corde ! Le reste du second tour est donc pour moi. En haut de la bosse, on me demande de baisser de rythme. Dans la descente qui suit, tristement, je note qu'un écureuil n'a pas résisté au passage d'une équipe. Parlant d'équipe, celle que j'aperçois au loin devient mon objectif non avoué. Relances, faux-plats, virages assurés, descentes reviennent, se succèdent. À deux ou trois reprises, il me faut lever un peu le pied. David ne passant plus, Tom se propose de prendre un relais alors qu'on aborde l'endroit où le vélo de chrono fait le plus merveille : "laisse faire le Cervéliste ! Tu reviendras en deuxième semaine lorsque tu seras dignement équipé !" Le second passage dans la longue descente se passe donc comme le premier. Les sensations sont toujours aussi bonnes. Les copains m'indiqueront après la course qu'ils roulaient bien calés sans donner un coup de pédale ou presque. Sachant que nous évoluons à plus de 50 km/h et approchons les 60 par endroits, c'est une belle satisfaction ! L'équipe devant est devenue plus qu'un point de mire : une victime ! Leur cas est réglé dans l'ultime bosse que je monte un peu fort par rapport au rythme tenu jusqu'à présent. Heureusement, il reste un bout de descente pour se refaire la cerise.
L'arrivée à T2 est toujours aussi impressionnante à Parthenay, donnant l'impression de plonger à 40 km/h dans le parc avec ce monde massé sur les côtés. À la descente du vélo, les cannes répondent super bien, incomparablement mieux que la dernière fois ici où il m'avait été pénible de simplement marcher. Nous sommes partis depuis 43' environ.
Ultime témoin de notre coordination d'équipe, à la sortie du parc, nous nous élançons à cinq comme prévu initialement. Génial ! D'autorité, je prends les devants pour donner un rythme aux alentours des 17 km/h que les coureurs doivent pouvoir encaisser sans trop de problème, mais qui ne traîne pas non plus. Mes sensations sont meilleures que sur ma dernière course individuelle. Tom et Flo ne tardent pas à passer et je dois rappeler aux deux "Kenyans" de lever le pied pour me laisser fixer l'allure. Thomas est toujours là après 1 km, je pense : il fait mieux que ses 500 m de l'année dernière. Bien joué, gars. Par contre, à mon grand malheur, on m'annonce que David a lâché. Quand cela va-t-il finir ? Trois coupes, trois courses à pieds à assurer : cette partie ne fait pas partie du contrat, bon sang ! Bon, quand on en arrive là, il faut assumer. Par contre, je ne peux assumer lorsque Tom se met en tête de me pousser au bout d'1,5 km : un peu prématuré. Heureusement et malheureusement, le circuit est très tourmenté, plus que certains cross. Bosses et virages s'enchaînent ne laissant que peu d'occasion de dérouler sa foulée. Dans les montées, l'allure reste encaissable et j'admire ce valent deux vrais coureurs dans les descentes. Flo est un peu dégingandé des membres supérieurs, mais envoie du bois. Tom semble lui encore plus facile. La deuxième moitié du circuit tournicote toujours à qui mieux-mieux : nous devons enchaîner relance sur relance. Voici le passage près de la ligne d'arrivée où se trouvent les copains du club. Les encouragements sont fournis et font du bien.
Comment maintenir Tom à Flo ? Le Pelet !
Le speaker annonce le meilleur temps actuel aux alentours d'1h03. Passant en 53' environ, un simple (mais rapide) calcul m'indique que nous sommes dans le coup pour en être très proche à condition qu'on ne faiblisse pas. Tom ne m'en laisse de toute façon pas l'occasion puisqu'il me pousse comme prévu il y a (déjà !) 1 km. Mince alors, c'est passé bien vite. Bien que le circuit ne s'y prête pas, il trouve plusieurs occasions de m'aider. Ma grosse inquiétude vient des intestins qui me font "souffrir" comme jamais. Pour les deux coureurs qui m'accompagnent, pour les copains qui ne sont plus à ce moment-là avec nous, pour les copains du club sur le bord du chemin, je m'accroche. Les poussées me font vraiment gagner en vitesse. Dans les parties l'autorisant, nous soutenons un bon 17,5 km/h, voire plus. Constater que Flo ne vient pas prêter main forte à Tom me confirme que ça envoie ! Bon sang, ce p'tit gars vient quand même de gagner une course sur route il y a une quinzaine de jours. Tom, lui, semble "facile" alors qu'il supporte un gros machin de 15 kilos de plus que lui. Pour l'aider, j'essaye tant bien que mal de me "relâcher" (défense de rire !) malgré les douleurs intestinales. Apercevoir Copsté menant le team de Meudon à quelques encablures me sert de point de mire pour les derniers mètres. Sans doute frustré de n'avoir doublé qu'une équipe à vélo, rajouter une nouvelle équipe à pieds me semble obligatoire. Dernière ligne droite, mon ventre me laisse atteindre progressivement les 20 km/h. Tom n'a plus besoin de m'aider. On franchit la ligne tous ensemble en 1h03'10" !
1 + 1 = 2
Le temps que le speaker nous annonce meilleur chrono provisoire parait très long, mais on l'a fait ! Parthenay est à une vingtaine de secondes. Les arrivées d'équipe s'enchaînent, mais nous gardons la satisfaction d'être cités comme meilleur temps plusieurs minutes. Cela récompense ma misère intestinale. David arrive une minute derrière nous : dommage, je pouvais presque relâcher. Fort logiquement, Thomas traîne déjà un verre à la main. L'arrivée des grosses écuries nous remet bien vite à notre 29ème place finale. L'objectif était de rentrer dans les 30 : c'est gagné !
Le lendemain, transformé en spectateurs, nous assistons aux excellents résultats des djeun'z qui remplissent largement le contrat avec une belle 7ème place (objectif 10) et des vioks qui conservent leur titre (objectif atteint) !
natation : 7'49" (43)
T1 + vélo + T2 : 33'56" (33)
course à pieds : 21'26" (23)
total : 1h03'10" (29)
Merci à tous les collègues pour ce beau déplacement ! De grands moments en mémoire !